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Lors de sa dernière date de tournée, Angèle cède à la demande persistante de ses fans depuis plusieurs semaines : elle chante en live la cover de Saiyan, morceau interprété initialement par Heuss L’Enfoiré et Gazo. Pourquoi cette chanson précisément ? La réponse : l’intelligence artificielle. Lnkhey, beatmaker et fervent de nouvelles technologies, a créé, grâce à l’IA, un remix du titre estival, chanté par Angèle. Cette technologie est en plein essor dans le monde la musique et commence à prendre de l’ampleur en France ces derniers mois. Qu’est-ce l’IA générative et quelles en sont ses limites et ses failles ? Comment toute une industrie peut être amenée à modifier son mode de fonctionnement à cause d’un outil composé d’algorithmes ?
Nous allons éclaircir la question à l’aide Lnkhey (beatmaker), de Younes (FrenchAICover), de Maxime Girot (chef de projet chez Elektra) et de Kik (artiste).
Freeze Corleone en featuring avec Maes, Ademo avec Jul, Angèle qui reprend Rsko et Aya Nakamura… Depuis le début de l’été, les réseaux sociaux dont particulièrement Twitter et TikTok sont envahis de cover et remix réalisés à l’aide de l’intelligence artificielle générative.
L’Intelligence artificielle est constituée d’algorithmes et de programmations codées. Ces suites de codes vont créer des logiciels qui font tourner des IA. Des algorithmes sont alors conçus pour donner des tâches à l’intelligence artificielle : robotique, domotique, finance, politique, armée, taxis autonomes… L’intelligence artificielle fait déjà partie intégrante de notre vie quotidienne.
À l’image de ChatGPT ou Midjourney, dans la musique, on fait usage de l’intelligence artificielle générative. Ce sont grâce à des logiciels spécialisés comme RVC Voice que ces fameuses cover sont réalisées. Lnkhey explique le processus pour utiliser l’IA générative dans le monde de la voix : « À la base, dans les logiciels d’IA, pour choisir la voix de quelqu’un, il faut créer le modèle de la personne. Pour ça, il me fallait un Accapella de très bonne qualité d’environ 10 minutes d’Angèle. Je l’ai mis dans le programme qui s’est entrainé pendant plusieurs heures. Ensuite, j’ai obtenu un fichier source avec la voix d’Angèle. L’IA permet de mettre le timbre de voix de quelqu’un sur le timbre de quelqu’un d’autre. Ça ne crée pas de mélodie, ça ne crée pas de paroles, ça change juste le timbre de voix, et c’est ce que j’ai fait. » Comme beaucoup d’autres adeptes de l’IA ces derniers mois, Lnkhey s’est amusé à créer des remix et des featurings inédits, voire improbables. C’est le cas pour le remix de Saiyan, hit de l’été de Heuss L’Enfoiré et Gazo, présent dans l’album du rappeur du 92. Le beatmakeur Lnkhey a décidé de tester son fichier Angèle sur ledit titre. Perfectionniste et avide de réalisme, le compositeur a reproduit intégralement l’instrumentale avec des sonorités plus pop, qui correspondaient mieux à la chanteuse belge. La magie a opéré puisque le son a explosé sur les réseaux sociaux, jusqu’à ce qu’il arrive aux oreilles d’Angèle, de Gazo et de Heuss L’Enfoiré. L’interprète de Balance ton quoi est allée jusqu’à jouer la cover sur scène, lors de la Fête de L’humanité au milieu du mois de septembre.
Lnkhey revient sur le succès fou de ce remix : « Pour Saiyan, j’avais créé le modèle d’Angèle et je voulais faire des tests avec sa voix. J’ai pensé à Saiyan parce que je me suis dit que le décalage allait être marrant. La prod ne passait pas trop bien donc je me suis dit que j’allais la refaire moi-même, j’ai chanté dans le style d’Angèle et j’ai mis le résultat en extrait sur Twitter et ça a plutôt bien marché donc je me suis dit que j’allais faire la version longue et que ça allait plaire aux gens. Tout s’est enchainé très vite sans que je m’en rende vraiment compte ni que je fasse grand-chose pour. » Tout le monde n’est pas beatmaker et si Lnkhey a tout refait par souci de réalisme et pour montrer ses talents de producteur, c’est très rare que les utilisateurs d’intelligence artificielle dans la musique s’embêtent à refaire eux-mêmes l’instrumentale. Il est possible sans le moindre effort de composition vocale ou musicale de créer une cover grâce à l’IA. À noter que Lnkhey ne s’est pas fait de profit sur le remix, il l’a juste réalisé pour divertir sa communauté et ça a pris, au-delà de ses attentes : « Je n’ai pas publié ça sur les plateformes, je n’ai pas essayé de faire de l’argent avec. C’était juste pour m’amuser. Après, je comprends que si je suis Angèle et que je vois ça, je peux trouver ça un peu étonnant mais maintenant ça reste vraiment bienveillant, je ne lui ai fait pas dire des trucs bizarres…»
Par contre, à la différence de Chat GPT, il est impossible d’interagir avec RVC Voice, comme le rappelle Younes alias FrenchAICover sur les réseaux, précurseur des cover IA en France : « Les gens ne connaissent pas vraiment ce que c’est l’IA, certaines personnes pensent que c’est Chat GPT mais dans la musique, ou pire : que l’IA est consciente et qu’elle pense par elle-même, alors que pas du tout, il ne faut pas tout mélanger. C’est ni plus ni moins qu’un logiciel qui sait comment modifier les fréquences pour que ça ressemble le plus possible à la voix de Rohff par exemple, mais elle ne pourra jamais écrire à sa place ou avoir son flow. »
Le rappeur Kik (anciennement Kikesa) est très intéressé par les nouvelles technologies et notamment l’IA : « Musicalement, je trouve que c’est une avancée incroyable. La DA de mon album précédent, c’était de jouer avec un vocaloid (Rubi, ndlr) sur plusieurs titres de l’album avec qui j’étais en feat, il y avait toute une histoire autour. On n’avait pas accès aussi facilement à l’IA pour faire ce projet donc on a dû créer une fake intelligente artificielle. Aujourd’hui, tu pourrais faire ce qu’on a fait avec l’IA mais nous ça n’existait pas au niveau du grand public. »
Précurseur dans le domaine, le rappeur a constitué toute la DA de son deuxième album Rubi (mars 2022) sur sa relation avec son amie imaginaire, un personnage fictif réalisé grâce à un presset qui modifiait la voix de Kik. Ce dernier nous explique comment lui et son équipe ont réussi à créer ce personnage, alors même que l’IA n’était pas du tout développée comme elle l’est aujourd’hui : « Le procédé, c’est qu’on avait créé un presset pour modifier ma voix. Lorsque ces réglages étaient appliqués à ma voix, créaient la voix de ce personnage-là. Ce n’était pas du tout de l’intelligence artificielle parce qu’on ne l’a pas entraîné avec ma voix, on a juste passé des heures à trouver les bons réglages, qu’on appliquait à chaque fois. Ça ne marchait qu’avec ma voix, on a essayé avec la voix d’autres gens mais ça ne sonnait pas pareil. Si on avait eu accès à l’IA telle qu’elle est disponible aujourd’hui, ça aurait sûrement été beaucoup plus simple, on aurait fait travailler les machines. »
Le 4 avril 2023, le tiktokeur ghostwriter977 dévoile sur toutes les plateformes de streaming le titre : Heart on my sleeve, un featuring entre Drake et The Weeknd, qui traite de la relation amoureuse de ce dernier avec Selena Gomez. La petite particularité du morceau, c’est que ni Drake ni The Weeknd n’ont posé sur le titre. C’est à l’aide de l’IA que ghostwriter977 a créé le morceau, sur une production qui reprend le tag de Metro Boomin (qui n’a pas du tout créé l’instrumentale par ailleurs). Le titre devient vite viral et est très vite retiré des plateformes, à la demande d’Universal Music Group (label représentant les deux artistes canadiens). Le titre a ensuite été posté sur TikTok et a cumulé plus de 15 Millions de vues en 48 heures. Suite à quoi il a été soumis pour examen, en vue d’être nommé dans la catégorie : « Meilleure chanson rap de l’année » et de « Meilleure chanson de l’année » aux Grammy’s. Techniquement, le morceau était éligible, car les paroles ont été écrites par un humain, mais le chef de la Recording Academy, Harvey Mason Jr, a mis les choses au clair : « Heart on My Sleeve n’est pas éligible aux Grammy Awards. Permettez-moi d’être très clair : même si la chanson a été écrite par un créateur humain, les voix n’ont pas été obtenues légalement. Les voix n’ont pas été approuvées par le label ou les artistes, et la chanson n’est pas disponible dans le commerce. » Finalement pas de Grammy’s pour ghostwriter977, mais un bon shoot de visibilité pour l’IA générative de voix et une avancée incontestable dans le monde de la musique, qui pose certaines questions éthiques, au niveau des droits d’auteur et de propriété intellectuelle…
Un deuxième problème est mis en lumière par Maxime Girot, chef de projet au sein du label Elektra et co-fondateur du média La Pépite : les deepfakes pour mettre des artistes dans des sauces qui ne leur appartiennent pas : « Ça pose un problème au-delà de la musique pour les artistes. Si quelqu’un a envie par exemple d’utiliser la voix de Tiakola pour lui faire dire des dingueries, techniquement, il peut le mettre dans la sauce. Les artistes ont toujours peur de la sauce, ils font super attention et avec l’arrivée de l’IA, ils ont d’autant plus peur. Il faut une règlementation pour protéger les artistes. »
Concernant ce point, le Sénat a adopté en juillet 2023 deux amendements qui vont règlementer les deepfakes. Le premier, ajouté à l’article 226-8 du code pénal français, stipule : « Est assimilé à l’infraction mentionnée au présent alinéa et puni des mêmes peines le fait de publier, par quelque voie que ce soit, un contenu visuel ou sonore généré par un traitement algorithmique et reproduisant l’image ou les paroles d’une personne, sans son consentement, s’il n’apparaît pas à l’évidence qu’il s’agit d’un contenu généré algorithmiquement ou s’il n’en est pas expressément fait mention. »
Ce qui va être plus dur à légiférer, c’est la question des droits d’auteur et de propriété intellectuelle concernant les cover réalisées avec l’intelligence artificielle. De multiples questions surgissent alors : À qui reviennent les revenus de la cover? Comment un artiste peut contester un morceau sur lequel on l’a fait poser ? Comment interdire la sortie d’un morceau créé à la base de la voix d’un artiste ?
Younes, créateur du compte FrenchAICover, a commencé les cover avec des artistes français pour reproduire ce qu’il voyait déjà aux États-Unis depuis plusieurs mois. Ce devellopeur informatique de 25 ans, passionné de rap, s’est donc amusé à faire poser Rohff, Booba ou Kaaris d’autres sur des titres de Tupac, ou encore de Biggie… Son compte a peu à peu pris de l’ampleur et dépasse aujourd’hui les 35 K d’abonnés sur TikTok et les 26 K sur X (Twitter). Younes connait particulièrement bien l’intelligence artificielle vu qu’il travaille avec au quotidien. Il met en garde sur les potentielles dérives en lien avec la musique : « Aujourd’hui, un mec chaud en IA peut créer un nouvel album de PNL dans leur style, avec leur voix, et là, on est dans un nouveau cas de figure où les deux frères peuvent porter plainte pour usurpation d’identité, donc à voir du côté légal comment ils vont réguler ça. Pour moi, la seule solution, c’est que les artistes déposent leur voix. Et à part la voix, il faut sensibiliser les gens à l’IA. »
Une des solutions serait peut-être de renverser la balance, en utilisant ce même outil pour contrôler. Younes explique : « L’IA est capable de générer des cover mais ses outils sont également capables de détecter des morceaux faits avec l’IA, même si la voix humaine ne peut pas le détecter.»
Si de nombreux artistes appréhendent l’évolution de cette technologie révolutionnaire, Kik tempère : « Pour moi, il y a deux côtés : ceux qui vont mal utiliser ça et qui vont s’en servir à des fins négatives pour faire dire des choses à des personnalités, ça, c’est évidemment condamnable. Mais je vois ça comme un couteau : un couteau, soit tu t’en sers pour couper un gâteau, soit tu t’en sers pour tuer quelqu’un mais c’est pas la faute du couteau, c’est la faute de la personne qui l’utilise. »
Comme l’explique l’interprète de Feat, le problème de l’intelligence artificielle réside dans la personne qui l’utilise à des fins positives ou négatives. Actuellement, on est dans un entre-deux côté législation. Cette technologie étant arrivée récemment et s’améliorant de jours en jours de façon exponentielle, des règlementations doivent être prises au plus vite pour protéger les droits d’auteur des artistes et leur propriété intellectuelle. Françoise Halper, conseillère en stratégie numérique rappelle que : « En droit français, seul un être humain peut être l’auteur d’une œuvre et créer une œuvre originale. Le robot ne bénéficie d’aucun droit, de même, pour la Sacem : le droit d’auteur ne concerne que les personnes physiques et les œuvres de l’esprit. » Elle enchaîne : « Aujourd’hui, il n’est pas légal d’accorder le statut d’auteur à une IA générative sollicitée par exemple pour créer une chanson « à la façon » d’un artiste, ni pour réaliser une peinture originale, même si celle-ci est exposée dans une galerie et primée dans un concours. »
Au niveau du parlement européen, un projet de règlementation de l’intelligence artificielle est en cours d’adoption. L’AI Act a été approuvée le 14 juin 2023 par le parlement européen et devrait être adopté à la fin 2023/début 2024 avec une application différée de 18 à 24 mois après son entrée en vigueur. L’objectif de ce texte est de permettre de pousser les avancées technologiques (ici, l’IA) tout en fixant des barrières pour que des limites ne soient pas franchises. Les logiciels d’IA devront alors citer les sources utilisées pour générer des textes, des voix, des images etc… Le tout dans l’objectif de protéger le droit d’auteur. L’eurodéputée allemande Svenja Hahn a salué l’approbation du texte à l’agence de presse Reuters : « Nous avons réussi à trouver un compromis qui réglemente l’IA de manière proportionnée, protège les droits civils et stimule l’innovation et l’économie. »
En France, le Conseil d’État a préconisé que la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) soit « l’autorité nationale de contrôle des systèmes d’IA ». La première ministre, Elisabeth Borne, a lancé en septembre 2023 un comité français de l’intelligence artificielle générative. Cyprien Canivenc, rapporteur général du Comité de l’intelligence artificielle générative, services de la première ministre, précise : « Le comité a pour objectif de présenter des propositions concrètes d’ici à six mois afin d’adapter la stratégie du Gouvernement au sujet de l’intelligence artificielle. » L’entre-deux devrait donc toucher à sa fin incessamment sous peu.
Une fois que les règlementations visant à contrôler l’intelligence artificielles sont en place, comment faire bon vivre avec cette technologie en tant qu’artiste ? Pour commencer, il faut sensibiliser le public à l’IA : cette technologie peut paraître assez complexe mais vulgarisée, elle reste très accessible. Lnkhey soulève une idée : « Une des solutions, ce serait d’auto signaler le fait qu’on utilise une IA, comme les encarts prévus pour annoncer un partenariat rémunéré sur les réseaux sociaux par exemple. »
Dès lors que le public est averti que les artistes utilisent l’intelligence artificielle dans leurs travaux, chacun est libre d’y adhérer ou non, à l’image du sampling qui, lors de l’arrivée des premiers samplers numériques, a fait polémique : vol d’instrumentales ou références à des morceaux méconnus ou oubliés ? Chacun est libre de se faire sa propre idée sur le sujet et d’écouter, ou pas, des morceaux samplés (qui font partie intégrante de l’industrie musicale des dernières décennies).
Younes (FrenchAICover) explique que l’intelligence artificielle peut être très utile pour certains artistes : « Il y a des beatmakers qui m’ont contacté pour collaborer, les labels commencent aussi à s’intéresser, donc je vais voir ce qu’il y a à faire mais ce genre de prestations sont cool ! Par exemple, un producteur guadeloupéen m’a contacté parce que son artiste était incarcéré. Il a écrit des textes en prison et du coup le producteur m’a demandé à partir d’Accapella de sa voix de créer des morceaux originaux avec les nouveaux textes et les nouvelles prods. »
L’engouement autour de l’IA, comme chaque nouvelle arrivée technologique, va s’essouffler avec le temps. Il va rentrer dans l’usage commun et peut permettre à des artistes de créer sans avoir en leur possession toutes les clés pour réaliser leur art. Kik confirme : « Je trouve que c’est une dinguerie, c’est une avancée extrême pour les créatifs qui ne sont pas hyper avancés dans un domaine. Moi, par exemple, aujourd’hui je suis capable de produire des visuels de qualité professionnelle uniquement grâce à mes idées. Avant, c’était un truc qui n’existait pas : il fallait avoir des idées ET du talent. Aujourd’hui, il suffit d’avoir des idées et de comprendre comment ça fonctionne. Pour moi, c’est une avancée incroyable parce que dans le visuel, je peux faire des choses que je ne pouvais pas faire avant moi-même. » Comme l’artiste l’explique, l’intelligence artificielle fait partie de l’évolution de l’art : « Moi, je ne suis pas du tout dans le délire de : « ah là là, c’est la fin de notre métier » Notre métier va évoluer, servons-nous de l’IA dans notre métier ! Je vois ça comme un nouvel outil : soit tu t’en sers, soit tu le subis. »
Plusieurs artistes ont déjà fait appel à l’IA depuis son essor en France. Alonzo, par exemple, a fait modéliser la pochette de son single Guadalajara par une IA en juin. Le groupe DTF vient de dévoiler le clip de Liberta, entièrement réalisé par une intelligence artificielle. Dans le cadre de son dernier album en date, Adieu, Kik a utilisé l’IA pour réaliser une des pochettes de son album.
Il raconte : « La version sur laquelle l’IA a fait la pochette s’appelle « Arty », c’est une version dans laquelle il y a des inédits qui sont des prises de risques plus artistiques. Ça me paraissait logique que pour la pochette de cette version, on fasse quelque chose qui est différent artistiquement. Je ne dis pas qu’un graphiste n’aurait pas pu faire ça mais on l’a faite très rapidement, j’ai trouvé le résultat très beau et j’ai fait une dégustation à l’aveugle à mes proches entre cette cover et d’autres que j’ai faites peindre à des artistes que j’aime bien, et tout le monde a choisi cette pochette-là. » Encore réticents à cette avancée technologique car méconnue, la plupart des gens ne reconnaissent pas l’IA comme une potentielle forme d’art : « Au début, j’ai prévenu que c’était de l’IA et les gens ne la choisissaient pas, comme si ce n’était pas légitime, ni de l’art. Dès lors que j’ai arrêté de dire que c’était une IA, tu ne parles qu’au coup de coeur et tout le monde a choisi la jaune de Arty. »
Si on ne se concentre que sur les fameuses cover d’artistes ou les artistes directement créés grâce à l’intelligence artificielle, le clivage est présent. Certains artistes trouvent l’avancée révolutionnaire, là où d’autres se méfient, voire s’opposent à la chose. Ils seront donc libres d’utiliser l’intelligence artificielle ou non, comme ils sont libres d’utiliser ou pas le sampling, par exemple. Pour l’utilisation de leur voix dans le but de la réalisation de cover de morceaux, les règlementations sur l’IA viendront tempérer et réguler l’utilisation de cette technologie. L’intelligence artificielle peut avoir des aspects très positifs pour les auditeurs : il y a plusieurs semaines, le beatmaker Genda a publié sur TikTok le premier freestyle de SCH disponible en ligne, remis au goût du jour ! Un résultat qui ravira les fans de la première heure du S…
Le dernier point à aborder se porte sur les artistes créés uniquement grâce à l’intelligence artificielle, virtuels, donc. En août 2022, Capitol Records (groupe Universal) signe FN Meka, un rappeur US créé par Brandon Le grâce à l’intelligence artificielle qui explose alors sur TikTok. À part la voix, enregistrée par son créateur, tout est généré grâce à l’IA : musique, textes, flows… L’artiste va cependant perdre son contrat dix jours après la signature à cause d’une polémique liée à des textes générés par l’IA jugés de racistes et stéréotypés. Capitol s’est excusé envers la communauté noire pour son « absence de sensibilité ».
Une influence virtuelle, Noonoouri, a été signée par le label Warner Music en septembre 2023 et a dévoilé un single : Dominoes en featuring avec le dj allemand Allan Farben. Cette influenceuse aux plus de 400K abonnés sur Instagram était déjà connue pour avoir participé à des campagnes pour plusieurs grosses marques de luxe comme Dior ou Balanciaga. Aujourd’hui, c’est au domaine de la musique qu’elle s’attaque, ne déplaise aux personnes anti-IA. Pour l’instant, son succès reste modéré mais même si elle venait à prendre de l’ampleur dans l’industrie musicale, chacun a la liberté d’écouter et d’adhérer ou de ne pas y prêter attention.
L’Intelligence artificielle, comme chaque avancée technologique, a du bon et du mauvais. Elle va faire évoluer le monde dans lequel on vit sans aucun doute : c’est déjà le cas. L’IA est partout autour de nous, dans notre quotidien. Il était donc assez prévisible de la voir arriver dans le domaine de l’art et donc par extension, de la musique. Lnkhey tient à rassurer le public : « La spécificité de l’IA, c’est que ça se repose sur des trucs humains, ça ne crée pas de nouvelles choses. Jul par exemple a créé un style bien spécifique à lui, il a créé tout un univers qu’on n’avait jamais entendu avant et l’IA n’est pas capable de faire ça parce que toutes les données sur lesquelles s’entraine l’IA, c’est des données qu’on a déjà donc en soi, elle ne peut pas créer de nouveaux trucs. »
Ce que l’intelligence artificielle ne remplacera pas, ce sont les émotions humaines, les petites erreurs qui créent le charme d’une voix ou d’un instrument, les hésitations et les perceptions. Comme à l’arrivée d’Internet, l’appréhension est tout à fait légitime mais une fois que la technologie est comprise et cadrée, à nous de décider si on veut s’amuser avec, ou pas.
Booka P
Written by: Admin
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